L’extrême droite connaît aujourd’hui un regain d’activité. A Tours, comme ailleurs en France, comme dans de
nombreux pays d’Europe, néofascistes et réactionnaires cherchent à occuper la rue, les médias et les esprits, distillant leur
haine de toute différence et leur mépris des idéaux de liberté et d’égalité. Et nous, qu’est-ce qu’on attend pour riposter ?
Ça s’en va et ça revient… comme une vague réactionnaire
Ce 6 février 2014 marque le 80ème anniversaire d’une émeute d’extrême droite, menée par 30 000 membres des ligues fascistes
et monarchistes contre un gouvernement de centre-gauche. Comme en écho, fin janvier 2014 20 000 fachos ont investi la rue parisienne
le temps d’un « jour de colère » qui leur a permis de déverser publiquement leur haine, en vrac, des femmes, des juifs, des étrangers, des
homosexuels, et bien sûr de tout mouvement progressiste, avant de défouler leurs frustrations sur les forces de l’ordre qu’ils sont pourtant les
premiers à applaudir à chaque bavure policière.
Evidemment, 2014 n’est pas 1934.
La société a changé – personne d’origine maghrébine ou africaine dans les rangs des fascistes de 1934… Le système économique a
évolué – avec la mondialisation du capitalisme, les délocalisations, le chômage de masse qui favorise l’individualisme et entrave les
luttes collectives. Et il n’existe plus de régimes officiellement fascistes – juste autoritaires de droite, comme la Russie de Poutine ou l’Iran des ayatollahs, nouveaux modèles et partenaires de nos fascisants contemporains.
Et pourtant, il existe quelques analogies troublantes. A chaque fois, une crise économique, provoquée par le capitalisme, entraîne une crise
sociale si profonde que les repères sociopolitiques habituels semblent dépassés. La gauche est atone, divisée, enfermée dans ses querelles d’appareils et
hésitante sur ses perspectives. La droite, incapable de reconnaître la réalité de la crise capitaliste, est plus vide que jamais. Conséquence, elle se
met à la remorque de l’extrême droite, dont elle « comprend » et « excuse » les violences et les paroles de haine, quand elle ne les justifie pas au
nom des rares changements sociaux acquis de haute lutte par les mouvements progressistes – comme, aujourd’hui, la remise en question des
stéréotypes et des inégalités de genre concernant le mariage ou l’éducation des enfants.
L’extrême droite, ou la restauration de tous les privilèges
Comme toujours, l’extrême droite défend les privilèges et les hiérarchies sociales contre tout changement égalitaire. D’où leur refus de l’égalité des droits, qu’incarne leur mobilisation
actuelle contre toute remise en cause des hiérarchies et des normes de genre (contre le mariage des homosexuels, contre le droit à l’IVG, contre l’apprentissage de l’esprit critique envers les stéréotypes sexuels, etc.). D’où aussi leur rejet de tout contrôle public sur l’économie, camouflé en pseudo « fronde
fiscale » et en défense des « petits entrepreneurs », avec le noyautage des « bonnets rouges » qui fait le jeu des groupes de pression patronaux.
Comme toujours, le développement de l’extrême droite mène à la multiplication des violences.
Violence verbale (homophobie de la Manif pour tous, antisémitisme de Dieudonné, islamophobie des Identitaires et du FN), violence symbolique (prières de rue intégristes, dégradations de locaux), mais aussi violence physique, en manifestations ou lors d’attaques de leurs opposants – jusqu’à
assassiner un jeune militant étudiant en juin 2013. A Tours, notre centre ville est le terrain de jeu des néofascistes, qui grâce à la complaisance de la police multiplient les provocations racistes et antisémites, ainsi que les agressions contre des militants progressistes ou contre de simples quidams
dont la tête ou le look ne leur revient pas.
By any means necessary
Face à cette situation, il est nécessaire que la lutte antifasciste s’organise et mobilise l’ensemble des forces progressistes déterminées à enrayer la montée de
l’extrême droite et ses instrumentalisations politiciennes par les partisans du statu quo. L’histoire a amplement
démontré que se voiler la face ou composer avec l’extrême droite, c’est faire son jeu et favoriser sa progression. Seule
une opposition franche et déterminée est susceptible d’endiguer et de refouler la vague fascisante – qu’elle soit
bleu marine ou brune.
La lutte antifasciste ne se réduit pas à contrer les actions ou les militants d’extrême droite, par l’occupation de la rue, la confrontation frontale ou la diffusion
d’informations. C’est aussi et surtout détruire les conditions sociales, économiques, culturelles, politiques qui lui permettent d’exister et de se développer. C’est
lutter contre l’économie capitaliste, qui, avec son cortège de chômage, d’inégalités et d’injustices, divise une
population aux abois et monte les uns contre les autres dans une course absurde à la réussite qui détruit nos vies en même temps que la planète. C’est lutter contre les normes sociales, sexuelles ou ethniques inégalitaires, qui exposent les minorités à la discrimination et à l’exclusion face au travail, au logement, ou dans tout autre secteur de leur existence. C’est lutter contre les abus d’autorité et les dénis de démocratie, en rappelant aux institutions publiques que le véritable pouvoir, que le seul pouvoir légitime, c’est celui du peuple, qui doit s’exercer dans l’intérêt et selon la volonté du peuple.
La lutte antifasciste est l’affaire de tous et de toutes.
Elle se mène partout : au quotidien, dans la confrontation avec l’extrême droite, mais surtout dans les luttes sociales,
et par les luttes sociales. Parce qu’il exige de transformer la société et de détruire les racines sociales, économiques
et culturelles qui font le lit de la xénophobie et de l’autoritarisme, l’antifascisme est un combat solidaire de tous les combats menés pour faire avancer la liberté et l’égalité.
Pas de quartiers pour les fascistes, pas de fascistes dans nos quartiers !
Pour la liberté et l’égalité de tous et toutes !